Plateforme de préassemblage des éoliennes lors de la construction du parc éolien en mer de Saint-Nazaire ©Franck Badaire
Plateforme de préassemblage des éoliennes lors de la construction du parc éolien en mer de Saint-Nazaire ©Franck Badaire

À l’heure où se développent les énergies marines renouvelables, le maire David Samzun s’entretient avec le président du directoire de Nantes Saint-Nazaire Port Jean-Rémy Villageois sur les enjeux d’aujourd’hui et de demain.

Pouvez-vous nous rappeler comment sont prises les décisions du port ?
Jean-Rémy Villageois
: Le port est dirigé au quotidien par un directoire que je préside. Nous avons deux organes de gouvernance : le conseil de développement qui représente la société civile et le conseil de surveillance qui intègre les acteurs locaux – le maire de Saint-Nazaire, la maire de Nantes, la présidente de Région, le président du Département – et des représentants de l’État. Cet organe prend les décisions stratégiques principales concernant le Grand port maritime.

David Samzun : Le port est l’une des colonnes vertébrales de l’économie de notre région et l’un des outils de la souveraineté énergétique de la France. Par les flux qu’il accueille, par les grandes infrastructures qu’il a la responsabilité d’entretenir et d’améliorer, il est au cœur de l’économie des Pays de la Loire et bien au-delà. Le port est au cœur de grands enjeux, tels que la transition énergétique et écologique.

Le maire de Saint-Nazaire David Samzun reçoit le président du directoire de Nantes Saint-Nazaire Port Jean-Rémy Villageois pour l’interview croisée de Saint-Nazaire Magazine. (©Ville de Saint-Nazaire – Martin Launay)

Quels sont les défis majeurs ?
Jean-Rémy Villageois
: Le principal enjeu du port, c’est son adaptation au changement climatique. Le port est engagé dans un processus de transition déjà concret : la décarbonation de nos activités et l’adaptation à un marché qui évolue. Aujourd’hui, 70% de nos activités sont dédiés aux énergies fossiles, tout cela va bien évidemment changer. Tout un tissu économique et social est engagé dans ce modèle. Pour anticiper ces évolutions, nous avons une force, celle d’agir collectivement.

Le projet Éole prévoit, à l’horizon 2030, de nouvelles infrastructures industrialo-portuaires pour le développement des énergies marines renouvelables : un quai de 780 m pour assembler les éoliennes flottantes, une zone de stockage à terre, des ouvrages de stockage sur l’eau et un ponton pour les navires de service. Informations et concertation préalable jusqu’au 23 novembre ici.

Quelles sont vos actions pour réduire les pollutions ?
Jean-Rémy Villageois
: D’une part, nous avons un rôle dans la production décarbonée de l’énergie, c’est tout l’enjeu de contribuer au développement des énergies marines renouvelables. Nous avons une expérience réussie en la matière puisque nous avons contribué à l’installation du premier champ éolien en mer français, au large de Saint-Nazaire, et nous rééditons ces opérations dès 2025 avec le parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier.

Nous préparons l’avenir avec le projet Éole (voir encadré ci-dessus), une plateforme industrielle dotée de moyens beaucoup plus lourds pour pouvoir mettre en place des éoliennes de plus grande puissance. D’autre part, nous travaillons à la décarbonation de nos activités. Nous allons récupérer le carbone des cimentiers via un projet qui s’appelle GO CO2 (voir encadré ci-dessous). Nous produirons aussi de l’hydrogène à partir du solaire et fabriquerons les carburants de demain pour les navires et les avions. Le port est un facilitateur pour les industriels qui vont investir et développer l’emploi.

Qu’est-ce que GO CO2 ?
Grand Ouest CO2 est un programme d’investissement permettant le captage du CO2 sur les sites industriels et son acheminement par canalisation jusqu’au terminal d’export maritime de Saint-Nazaire à destination des zones de stockage géologique permanent (sous la mer du Nord). Il prévoit de capter 75% des émissions industrielles de dioxyde de carbone du Grand Ouest à l’horizon 2050.

Que représentent ces projets du port pour la Ville ?
David Samzun
: Ces projets sont déterminants en terme d’emplois. Quand le port est en situation de conflit social, on constate que l’ensemble de l’économie s’arrête. Le port est dans une compétition nationale, européenne et mondiale. Il faut donc tenir les enjeux économiques, environnementaux et d’emploi sans les hiérarchiser. Il a fallu un savoir-faire industriel et des infrastructures pour que le président de la République décide de construire ici un porte-avion et des bateaux ravitailleurs.

Le dévoiement du boulevard des Apprentis, le boulevard XXL, a permis d’augmenter la zone de montage des blocs des Chantiers de l’Atlantique de plus de 30 % pour que tous les navires soient réalisés ici, et pour passer des colis lourds comme des éoliennes. Cela a permis de répondre au premier champ français. Cette réalisation est collective. C’est là qu’on a besoin de ce facilitateur qu’est le Port. Je suis né dans cette ville et je suis content de voir que les décisions politiques d’aujourd’hui permettent d’adapter et de renforcer les infrastructures au service de la transition énergétique.

Le port en France…
• 4e grand port maritime
• 1er chantier naval
• 1er assemblier aéronautique
• 2e raffinerie
• 2e terminal gazier

… et en chiffres
• 31,9 millions d’euros d’investissements en 2023
• plus de 600 entreprises
• 28 700 emplois générés par l’activité portuaire (étude Insee 2024
sur des données 2021)
• Près de 30 millions de tonnes de trafic par an
• 2 722 hectares

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