Face au changement climatique, Saint Nazaire Agglomération, qui exerce la compétence « eau et assainissement » se mobilise autour de l’enjeu crucial de l’eau, une ressource précieuse mais limitée. L’objectif : garantir, maintenant et dans les années à venir, une eau en qualité et en quantité pour tous.
Eric Provost, premier vice-président de Saint-Nazaire Agglomération et président du Parc naturel régional de Brière a répondu à nos questions.
Comment les changements de climat font-ils peser des risques sur l’eau potable ?
« Aujourd’hui, l’évolution climatique est un sujet sur lequel on doit être en veille. Comme le prédisaient les scientifiques, le cycle de l’eau est en train d’évoluer, avec plus d’épisodes de fortes pluies et de tempêtes, mais aussi de périodes sans pluviométrie. Afin d’anticiper, il est très important de faire en sorte de sécuriser la ressource en eau potable. À notre échelle, cette sécurisation passe par l’investissement dans nos infrastructures d’approvisionnement. Nous avons par exemple mis en réseau les trois sources d’approvisionnement d’eau de l’agglomération que sont la nappe de Campbon, la Loire et la Vilaine ».
Quels autres types d’investissements réalisez-vous pour préserver l’eau ?
« Nous sommes en train de travailler sur la disponibilité de la ressource en eau. Sur le territoire, les eaux de pluie descendent trop vite vers le bas du bassin versant, sans s’infiltrer suffisamment dans la nappe, et abiment les sols. Pour que les eaux pluviales soient plus utiles, l’agglomération avec son syndicat de bassin, le SBVB, réalise des travaux de reméandrage* sur les cours d’eau pour ralentir la vitesse de l’eau, notamment dans le secteur de Besné-Pontchateau. Nous intervenons aussi pour restaurer le bon fonctionnement hydraulique des canaux en Brière et nous replantons des haies pour permettre une meilleure infiltration des eaux de pluies dans les sols et améliorer leur qualité ».
* Technique écologique visant à prolonger le parcours et à diminuer la pente d’un cours d’eau pour restaurer sa sinuosité naturelle et ses fonctions hydrobiologiques.
Qu’est-il possible de faire pour mieux la gérer ?
« La gestion de l’eau est une question collective et il est important d’essayer de limiter sa consommation, à tous les niveaux. Sur notre territoire, les deux plus gros consommateurs sont les industries et les habitants. Pour les industries, des études ont été réalisées récemment pour comprendre quels leviers elles ont pour réduire leur consommation. Concernant les habitants de l’agglomération, un ensemble d’actions ont été engagé, notamment des actions d’information pour sensibiliser à la question de l’économie de la ressource en eau. Sans oublier des actions très concrètes de distribution d’économiseurs d’eau pour robinets ou de récupérateurs d’eau de pluie ».
Quels sont les autres leviers avez-vous mis en place pour réduire les consommations en eau ?
« Nous avons mis en place une tarification beaucoup plus modulée avec, d’une part, la mise en place d’une tarification solidaire qui prend en compte les ressources des habitants dans la facturation d’eau. D’autre part, l’agglomération a décidé de facturer plus cher les fortes consommations. Que ce soit pour les habitants ou pour les industriels, plus la consommation est grande plus le prix augmente. Depuis plusieurs années, nous constatons d’ailleurs que la consommation des habitants se réduit légèrement sur le territoire de l’agglomération ».
L’eau en chiffre
- Dans l’agglomération, un foyer de deux personnes consomme en moyenne 80 m3 par an.
- Un Français consomme en moyenne 149 litres d’eau par jour.
- L’Agglomération a adopté une nouvelle tarification de l’eau depuis le 1er janvier 2024 et distribue 18,4 millions de m3 d’eau potable dont près d’un tiers est consommé par les industries locales.
- Saint-Nazaire Agglomération prélève 1% sur le montant global de la facture d’eau pour aider au financement d’un service public d’eau public à Madagascar.
La nappe de Campbon
La nappe de Campbon fournit 45% de l’eau qui sort des robinets des habitants de l’agglomération. En volume, cela représente au maximum 8,4 millions de m3 d’eau par an. L’eau doit son excellente qualité au fait qu’elle provienne d’une nappe profonde qui est surmontée de plusieurs couches de calcaire – qui présente l’avantage de filtrer les eaux de pluie. Depuis des années, il existe également un champ de protection autour des zones de captage. Depuis un an, l’Agglomération est également en train de moderniser l’usine de potabilisation de Campbon. Les travaux permettront d’offrir aux agents de meilleures conditions de travail mais aussi de garantir encore plus la qualité de l’eau distribuée dans nos robinets. Quand l’ancienne usine a été construite, les nouveaux procédés de traitement de l’eau n’existaient pas encore. Après les travaux, nous pourrons utiliser des techniques encore plus efficaces de traitement.
François Chéneau, maire de Donges et Vice-Président de Saint-Nazaire Agglomération en charge de l’eau, de l’assainissement et des loisirs aquatiques